Module 1A La planification de l’aménagement d’un boisé

LEÇON 3. CONSIDÉRATIONS SPÉCIALES VISANT LA PLANIFICATION

La majorité des propriétaires de boisés accordent une valeur particulière à différents aspects de leurs boisés. Les aspects ayant une valeur à leurs yeux méritent d’être examinés plus en détail parce qu’ils sont souvent étroitement liés aux caractéristiques physiques d’un boisé.

Les aspects en question comprennent :

  • des écosystèmes forestiers sains;
  • les lignes de démarcation;
  • l’habitat faunique;
  • l’esthétique;
  • les valeurs spirituelles;
  • la gestion intégrée des ressources;
  • la certification du boisé.

Les écosystèmes forestiers

Les écosystèmes forestiers sont des communautés de végétaux ainsi que d’animaux et de leurs habitats. Chaque boisé abrite des écosystèmes forestiers interdépendants entre eux, mais suffisamment différents les uns des autres pour être considérés comme des communautés distinctes. L’identification et la classification des écosystèmes forestiers en Nouvelle‑Écosse est une initiative qui a pris de l’ampleur ces 20 dernières années.

L’échantillonnage de sols forestiers fait partie intégrante de la classification des écosystèmes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La classification des écosystèmes forestiers (CEF) en fonction des facteurs relatifs à la végétation, au sol et au site a aidé les planificateurs forestiers à prédire le résultat des pratiques d’aménagement forestier. L’incorporation des principes de CEF dans les stades de planification de l’aménagement du boisé permettra aux propriétaires de boisés et aux spécialistes forestiers de comprendre l’efficacité et les limites des pratiques forestières sur les sites classifiés.  

L’unité de planification associée à la CEF à l’échelon des boisés est l’écosite. Chaque écosite possédera des caractéristiques uniques du point de la croissance des arbres et du rendement, des habitats fauniques présents, et de la biodiversité.

Les unités de CEF sont définies et décrites dans le contenu de certains plans d’aménagement de boisés. Ce genre d’information aboutira à une planification mieux éclairée de l’aménagement et à une certaine prévisibilité dans la mise en œuvre du plan. 

De nombreux spécialistes forestiers possèdent une formation en matière de classification des écosystèmes forestiers et peuvent incorporer cet élément primordial dans votre plan d’aménagement du boisé.

Le type de végétation, conjointement avec le type de sol, caractérise l’unité de CEF, appelée l’écosite.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les limites bien démarquées font de bons voisins

Chaque boisé est délimité par des lignes définissant les limites de la propriété. Certaines lignes de démarcation pourraient avoir été établies récemment, tandis que d’autres pourraient remonter à des siècles. Lorsque des lignes de démarcation de propriétés se recoupent, elles forment des points de rencontre ou des coins qui constituent des points cruciaux de référence pour les arpenteurs et les propriétaires fonciers.

Pour préparer un plan d’aménagement précis, il faut évaluer sur place l’emplacement et l’état des lignes de démarcation. Les descriptions des actes de transfert et les plans d’arpentage peuvent parfois aider à la localisation des lignes de démarcation si on peut trouver des indices d’établissement des lignes. Property Online, un service d’Accès Nouvelle‑Écosse, peut également s’avérer utile comme outil de localisation des lignes de démarcation de votre propriété par rapport aux autres propriétés ou à des particularités géographiques.

Les points de rencontre des lignes de démarcation d’un boisé devraient être identifiés clairement. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les lignes de démarcation doivent être bien entretenues, être bien marquées et être faciles à repérer. Avec le temps, les lignes deviennent envahies d’arbustes et obstruées par les arbres abattus par le vent. Il pourrait falloir un travail considérable pour retracer les lignes de démarcation après des décennies de négligence. Dans certains cas, un arpenteur‑géomètre agréé doit rétablir les lignes; si les points de rencontre des lignes sont disparus, l’arpenteur devra aussi rétablir les emplacements de ces derniers. Il est plus économique d’entretenir une ligne de démarcation que d’en rétablir une qui est disparue!

Les lignes de démarcation devraient être restaurées au moins tous les dix ans. La restauration des lignes pourrait nécessiter un débroussaillage le long de la ligne et un nouvel encochement des arbres au besoin. Prenez soin d’éviter de détruire les indices existants comme les anciennes entailles, les clôtures de fil métallique et de pierre ou les autres indicateurs d’une ligne de démarcation. Si un arbre nécessite un nouvel encochement, il faudra marquer l’arbre au‑dessus ou au‑dessous des entailles existantes. Le fil métallique peut être marqué au moyen de ruban de marquage.

Les lignes de démarcation du boisé devraient être bien marquées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les coins des propriétés sont parfois marqués au moyen d’un jalon de métal mis en place par un arpenteur agréé; le jalon pourrait être coiffé d’un capuchon en métal ou en plastique comportant un numéro de référence. Les coins peuvent également être marqués au moyen de poteaux en bois à quatre côtés et de tas de pierres. Il est absolument essentiel de préserver les indicateurs des coins. Si on en trouve à un endroit imprévu, il est recommandé de consulter un arpenteur agréé pour qu’il vérifie les preuves pertinentes existantes.

Le travail de dégagement d’une ligne de démarcation existante peut représenter un travail agréable. On peut utiliser une hache pour dégager les broussailles et marquer les arbres. Il faudrait marquer de peinture de couleur vive les entailles sur les arbres, mais seulement lorsqu’il est certain qu’elles représentent la limite exacte. 

Le plan d’aménagement du boisé devrait fournir une description de l’état de toutes les lignes de démarcation ainsi que des recommandations en vue de leur entretien. Les lignes de démarcation établies avec précision et bien entretenues procurent une paix d’esprit aux propriétaires de boisés – des deux côtés de la ligne! 

Il faut assurer un entretien régulier des lignes de démarcation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un bon endroit où vivre : l’habitat faunique sur votre boisé

La majorité des propriétaires de boisés inscrivent les animaux sauvages au sommet de leur liste lorsqu’on leur demande de faire part de ce qui les intéresse. Le plan d’aménagement du boisé peut signaler les secteurs d’une propriété qui représentent déjà un bon habitat ou qui pourraient bénéficier d’interventions d’amélioration de l’habitat.

L’habitat destiné à la faune peut être amélioré sur les boisés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Même si le module 4 de la présente série traite de l’habitat faunique, voici un résumé rapide de particularités importantes de l’habitat qui pourraient figurer dans le plan d’aménagement de votre boisé.

  • Les arbres morts sur pied (chicots) et les arbres en vie ou morts renfermant des trous (arbres à cavités) constituent des points névralgiques pour les animaux sauvages. Ces arbres sont utilisés comme perchoirs par les rapaces comme les faucons et les hiboux à la recherche de proies. Les cavités creusées par des excavateurs primaires comme les pics‑bois peuvent également être précieuses comme nids et tanières d’oiseaux et de mammifères. Il faudrait indiquer dans le plan d’aménagement du boisé les arbres à cavités et les chicots présents sur votre boisé.

 

  • Les pommiers sont courants sur les anciennes terres agricoles ou les terres existantes et ils constituent des espèces d’aimants qui attirent de nombreuses espèces d’oiseaux et de mammifères. Lorsque les pommiers sont sains, mais qu’ils risquent d’être envahis par des arbres voisins, on peut les dégager et les élaguer pour améliorer leur production de pommes à l’intention des animaux sauvages. Prenez soin de marquer la présence des pommiers sur la carte du boisé.

 

 

Les pommiers représentent des espèces d’aimants qui attirent de nombreuses espèces d’animaux sauvages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Les arbres et les arbustes producteurs d’akènes comme le chêne et le hêtre produisent des graines comestibles qui sont riches en nutriants pour de nombreuses espèces fauniques. Pendant l’automne et l’hiver, les boisés qui abritent de telles essences sont fréquemment fréquentés par le cerf de Virginie, les ours noirs et les autres mammifères et oiseaux. 
  • Les peuplements de résineux denses sont souvent utilisés comme refuge par le cerf de Virginie pendant les hivers de neige abondante. Il faudrait indiquer ces peuplements sur le plan d’aménagement du boisé s’ils semblent servir à une telle fin.
  • Les peuplements de peupliers faux‑trembles représentent un habitat précieux pour la gélinotte huppée. Les bourgeons et les graines de ces arbres sont consommés ce type de gibier à plumes, tandis que les peuplements plus jeunes de peupliers faux‑trembles fournissent un couvert à la gélinotte durant la nidification.
  • Les aulnes, qui poussent dans les sols humides, procurent un habitat à la bécasse des bois, qui sonde le sol mou à la recherche de vers de terre. Le lièvre d’Amérique peut également être abondant sous le couvert des taillis d’aulnes. Il faudrait indiquer ces endroits comme zones possibles d’animaux sauvages sur la carte du boisé. 
  • Les bords des peuplements forestiers sont fréquemment fréquentés par de nombreuses espèces d’oiseaux forestiers et de mammifères. Les séparations entre les peuplements de feuillus et de résineux sont souvent négligées comme lisières productives d’espèces fauniques.
  • Des mares printanières sont souvent présentes dans les secteurs où la nappe aquifère se rapproche de la surface ou dans les endroits où l’eau s’accumule sur les sols rocheux. Ces petites nappes d’eau procurent un habitat précieux aux amphibiens comme les salamandres et les grenouilles, qui constituent des liens importants dans la chaîne alimentaire d’une forêt saine. Durant l’été, les mares printanières pourraient complètement s’assécher ou se réduire à des parcelles de sol humide et pourraient être négligées.
  • Les cours d’eau et les secteurs adjacents aux cours d’eau (appelés des zones riveraines) constituent des corridors de déplacement importants pour la faune et fournissent un habitat aux espèces qui doivent demeurer à l’intérieur ou à proximité de l’eau. Les cours d’eau doivent être protégés conformément à la réglementation provinciale, accessible au www.gov.ns.ca/natr/wildlife/habitats/protection/.

 

Les chicots constituent des éléments importants pour la faune.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les nichoirs aident les animaux sauvages qui nichent dans des cavités. Ce nichoir procure un site de nidification à des crécerelles d’Amérique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un bel aspect : l’esthétique et votre boisé

Préférez‑vous un boisé qui a un aspect soigné, garni de rangées ordonnées d’arbres, où les broussailles sont peu abondantes? Ou aimeriez‑vous voir un boisé à l’aspect naturel et diversifié qui commence à avoir l’air d’une forêt vierge?

 

Certains propriétaires préfèrent un boisé ayant un aspect soigné.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La majorité des propriétaires de boisés tirent une fierté de l’aspect physique de leurs boisés. Si vous avez une préférence, celle‑ci devrait être considérée et notée dans votre plan d’aménagement. Dans nombre de cas, les particularités d’aménagement comme la superficie et la forme des parterres de coupe, la présence d’arbres éclaircis le long des chemins et l’absence d’ornières de matériel lourd contribueront au but esthétique d’un aspect soigné d’un propriétaire foncier.

L’esprit des lieux

Beaucoup de gens accordent de la valeur à l’image de sanctuaire ou de solitude qu’évoquent les forêts. Les propriétaires de boisés affectionnent souvent l’atmosphère paisible et la présence de la nature que leur procurent leurs boisés et ils passent une part de leur temps à marcher et à absorber la splendeur qui les entoure.

Les boisés peuvent représenter une source de solitude.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paradis de retraite durant les vacances et les occasions spéciales, les boisés peuvent devenir des lieux d’évasion pour leurs propriétaires. Une bonne planification prévoira l’exécution des travaux à exécuter sur votre boisé pendant les moments où vous pourriez être moins enclin à le fréquenter comme sanctuaire spirituel.

La gestion intégrée des ressources

Il est important de se rappeler que rien n’existe de façon isolée sur votre boisé. Comme tous les êtres vivants sur votre boisé sont intimement liés les uns aux autres, le plan doit tenir compte de ces liens et les rattacher à vos valeurs et objectifs.

Même si la production de bois pourrait constituer l’un de vos objectifs, la croissance des arbres est liée à plusieurs facteurs. Ceux‑ci peuvent comprendre la teneur en humidité et la fertilité du sol, la présence d’insectes et de maladies, l’absence d’incendies causant des dommages, et les divers traitements sylvicoles pouvant accroître la croissance, la régénération et la qualité des arbres.

Il faut songer aux problèmes possibles d’insectes et de maladies dans le plan d’aménagement du boisé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La gestion de toutes ces ressources d’une manière intégrée et durable améliorera la santé générale de votre boisé et vos objectifs seront plus susceptibles d’être atteints.

 

La certification du boisé

Dans le contexte de la demande sans cesse croissante de matière ligneuse, certains consommateurs optent pour l’achat de produits forestiers provenant de sources attestant que le bois a été produit au moyen de pratiques forestières durables. Ces consommateurs sont prêts à payer davantage pour leurs produits s’ils portent le logo d’une norme de certification reconnue.

 

La certification d’un boisé peut constituer une source de fierté pour les propriétaires de boisés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Certains propriétaires de boisés de la Nouvelle‑Écosse ont choisi d’obtenir une certification de leurs boisés de la part d’un tiers afin d’améliorer leur accès aux marchés préférant les produits ligneux certifiés. Chaque propriétaire de boisé doit soupeser les coûts et les avantages de la certification en fonction de ses besoins.

Les propriétaires de boisés de la Nouvelle‑Écosse disposent d’un choix en matière de normes de certification : le Forest Stewardship Council (FSC) ou l’Association canadienne de normalisation (CSA). L’exploration des normes de certification se situe au‑delà de la portée du présent module. Pour ce qui est de la planification, toutefois, les normes exigent des plans d’aménagement fournissant des détails différents, mais ayant une portée et une conception similaires.